La compagnie du BredinLaurent Vacher

Il y a plus de quinze ans, j’ai créé la compagnie du Bredin. Avec ce nom, Bredin, j’avoue ma sensation d’être souvent à côté de la plaque, de ne pas être porteur d’une parole volontaire et affirmée. Le Bredin me laisse l’espace d’être un « idiot », sans que cela ne soit définitif.

Donc je suis presque égal à … un idiot, ce qui me laisse toute la liberté d’être inexact, insolent et décalé.

Il n’y a pas un jour sans que je ne me pose la question : pourquoi je fais du théâtre ?

En observant les gens, en allumant mon smartphone, en fermant un livre, en cherchant de la monnaie dans le fond dans ma poche, en mangeant des pâtes à l’arrabiata, en observant une famille syrienne dormir dans ma rue, en regardant une affiche pour un crédit, en visionnant les infos, en claquant ma porte, en regardant la file d’attente devant une agence d’intérim, en reposant un produit trop cher, en marchant dans les rues d’une ville, dans le bus, dans le train en jouant avec les sourires fugaces des passagers, au supermarché, toujours cette question. Pourquoi je fais du théâtre ?

J’aime comprendre. Faire comprendre les rouages de notre société. Qu’ils soient dans nos comportements individuels ou collectifs. J’aime saisir, dénoncer les mécaniques sociales.