Pas si passé que ça

Pas si passé que ça… La vitesse. Le temps qui s’évanouit dans la distance parcourue. La vitesse qui ne laisse plus le temps de rêver. La vie qui défile. Oui, avoir le temps de se laisser aller à rêver. Laisser flotter ses souvenirs et ses désirs… Retrouvez des visages, une maison, un buffet, une odeur, découvrir des situations, des croisements incertains. Evaporés ! Que reste t’il de moi, de ma mémoire ? Une porcelaine sur la cheminée, une photo jaunie dans un album. Les souvenirs confus. Ma mine gênée et rougissante à ma première embauche. Un chemin d’écolier, l’image confuse de ton premier sourire ? Du premier flirt ? La naissance de notre premier ? Il ne reste que ta mémoire sur ces paysages… Mur de brique, mobylette qui s’en va au loin. Muret de jardinet, massif de Bégonia… Les paysages ont bien changé, les bulldozers ont fait peau neuve. De l’usine si puissante hier ne témoigne que de l’herbe ballottée par le vent. Cette foutue mémoire, héritée de nos aïeux qui pas à pas nous construit, mais aussi l’autre, la plus trouble, celle qui nous vient des chocs, des failles, des accidents de vie, qui fait que chacun grandira, construisant la périlleuse demeure où le soir, enfin, on se sent soi-même. Il y a dans cette démarche de « Pas si passé que ça », une interrogation sur le temps et sur la mémoire. Une respiration poétique pour suspendre un peu l’air du temps : du rien, du vent, de notre temps offert du fond du cœur.


Commande d’écriture à Philippe Malone autour de la mémoire d’un évènement lié à un objet,
à partir d’ateliers réalisés avec des amateurs
sous la direction d’Elisabeth Gonçalvez et Laurent Vacher.