B.A.L (bagarre, amour et liberté)

Sur une idée de Philippe Cumer, directeur du centre culturel Pablo Picasso d’Homécourt.Il s’agira de raconter une histoire sur l’accordéon, avec une création partagée réunissant amateurs et professionnels.Ce spectacle a pour vocation de rassembler sur le territoire d’Homécourt et au-delà, les personnes désireuses de s’inscrire dans un grand projet sur l’histoire de l’accordéon. On y retracera son parcours, de son apogée à sa chute puis à sa renaissance.

L’apparition de l’accordion puis de l’accordéon, suit le début de l’aventure industrielle du dix-neuvième siècle. Très vite l’instrument circulera dans le monde entier. Chaque culture saura le faire sien. En Europe et particulièrement en France l’accordéon a participé activement à l’émergence d’une culture ouvrière.

Boîte à musique facilement transportable qui ne se désaccorde pas, l’accordéon s’apprend et se transmet vite. Il témoignera, et participera même, aux grandes révolutions ouvrières dés 1840, puis vivra la Commune et les premières grandes grèves, les mouvements migratoires avec notamment l’arrivée des italiens qui viennent en grand nombre avec leurs accordéons. L’accordéon très vite est présent partout. Lors de la première guerre mondiale aussi bien dans les tranchées allemandes que françaises, il chantera Craonne et l’insoumission, puis il accompagnera la révolution russe. On le retrouve à l’après première guerre, le front populaire, le développement des guinguettes, le désir de la classe « laborieuse » de se divertir, de rire, mais aussi d’avoir leur espace de paroles, de pensées. Il symbolisera alors l’espoir retrouvé, accompagnera le mouvement artistique du réalisme poétique, Prévert, Renoir, Cosma, Dabit etc… Il est toujours partout …
Deuxième guerre mondiale en France, il est bâillonné ou interdit, on le retrouve alors dans la résistance et forcement présent à la Libération, pour petit à petit disparaître, laisser sa place à la radio, au microsillon… à d’autres musiques.

Aujourd’hui la mémoire de l’accordéon n’en finit pas de hanter notre histoire. L’accordéon par son parcours mondial emmène avec lui des sources d’inspirations riches en énergie, en couleurs. Son histoire contemporaine s’imprègne de son histoire universelle : Argentine, Syrie, Mexique, Laos, Nouvelle Guinée… partout il a écrit une histoire forte.

Quelle est la place que nous accordons aujourd’hui à cet instrument ? A l’heure où la musique du monde entier circule où chacun peut y avoir accès. Comment se gère, se raconte son histoire ?

Plusieurs musiciens de bal que j’ai rencontrés ont regretté que le musette ait, malgré eux, « ringardisé » l’accordéon. Ils souffrent de voir les nouvelles générations s’éloigner des écoles d’accordéon.

Après seconde la guerre mondiale, l’accordéon a perdu de son influence surtout pour les nouvelles générations plus sensible à l’arrivée de la musique américaine. Les accordéonistes les plus talentueux ou les plus chanceux accompagneront une nouvelle génération de chanteurs : Barbara, Montant, Brel… Petit à petit, l’accordéon va quitter son rôle de vedette, perdre sa popularité, être relégué avec le musette, instrument et musique pour les vieux.

Des interprètes, des compositeurs souvent dans l’ombre maintienne le flambeau, renouvellent le genre musette par des nouvelles compositions souvent proche de l’héritage du Jazz : Richard Galliano, Marcel Azzola, Marc Perrone, Bernard Lubat et l’orfèvre, le maître, l’ancien, Jo Privat… et bien d’autres encore. Mais il faudra attendre les années quatre-vingt pour que l’accordéon regagne sa popularité grâce à une nouvelle musique, mélange de rock, folk et rythme nouveau, emprunte d’un esprit subversif : Les Négresses Vertes, Pigalle, Los Carayos, Jacques Higelin, La Mano Negra etc… L’accordéon revient alors en force sur les scènes populaires. Curieusement, en même temps, il rentre aussi dans les grands orchestres classiques, on peut aussi le retrouver dans le registre de la musique expérimentale, et depuis, son évolution n’a jamais cessé.